[Histoire] La trière athénienne des guerres médiques

(Article datant de 2010, mis à jour pour la dernière partie)

1ère partie : préparer la miniature conformément aux connaissances historiques


Dans cet article, je vais me pencher sur la trière athénienne du début du Vè siècle. Puis je montrerai la façon dont on peut réaliser une miniature au 1/600è, soclable sur une base de 8cm sur 4cm, utilisable à DBM.

Comme la majeure partie de mon armée grecque, la figurine utilisée viendra de chez Xyston : Greek trireme. Cela pour une bonne et simple raison : la  grande qualité de sculpture et de fabrication. Seulement, un inconvénient : la gamme Xyston couvre une période plus tardive que les guerres médiques, approximativement la fin du Vè siècle, jusqu'à l'époque hellénistique). Or, au fil du temps les façons comme les outils de faire la guerre ont évolué.

L'aspect de la ligne des rameurs thranites (les rameurs du haut, ceux que l'on voit sur le relief plus haut) notamment a changé, et une variante est apparue dans le vocabulaire même des Grecs à partir du Vè siècle : la flotte de guerre comprenait des vaisseaux aphractes et d'autres cataphractes. Les premiers avaient l'intervalle séparant l'apostis et le pont de combat ouvert (comme sur le relief Lenormant en photo plus haut), les seconds l'avaient fermé. Il le fut d'abord occasionnellement, pour protéger les marins de la houle, du mauvais temps. Puis cette fargue est devenue fixe.

Le relief Lenormant, ici en photo, a dû appartenir à un monument commémorant la victoire d'une trière dans l'une des joutes instituées par Thémistocle(1). Il est une des bases des études sur les trières athéniennes, bases à leur tour de mes modestes recherches. La trière dessus représentée est donc aphracte (on voit nettement les rameurs thranites). Et voici la trière grecque proposée par Xyston :


Elle comporte d'énorme fargues, dépassant même le pont de combat. Elle représente probablement les vaisseaux dont nous parlions précédemment, solidement et en permanence fargués. Il faudra s'en débarasser et rétablir une allure proche de ce qui devait exister lors des guerres médiques.

Xyston donne, avec cette miniature, deux mâts accompagnés de leur vergue, les voiles prenant le vent, mais aussi les voiles repliées. Dans le cadre de la bataille, comment doit-on monter les voiles ?
Selon J.Taillardat (1), la grand-voile et son mât n'étaient pas utilisés lors des batailles navales. En combat, les trières n'étaient mûe que par les avirons, et les équipements de la grand-voile étaient trop encombrants pour être emportés à bord. Ils étaient donc carrément laissés, le plus souvent, sur la côte. La petite voile, elle, était emportée lors des batailles navales. Appelée akkatéion, elle était mise au vent en cas de déroute : particulièrement utile si les avirons venaient à être brisés et que le vent devenait indispensable pour fuir.
J'ai pensé qu'il fallait que l'akkatéion soit rapidement déployable en cas d'urgence. J'ai ainsi pris le parti d'avoir un bâteau au mât avant monté, avec sa voile pliée mais en place. Quand au grand mât, je ne le monte pas du tout : il est resté sur la berge !

Maintenant vient l'heure de s'occuper de bricolage ! Voila comment j'ai ajusté la miniature Xyston pour qu'elle colle aux trières athéniennes des guerres perses.
Les fargues énormes qui reposent de part et d'autre de la trière Xyston sont fournies détachées. Entre elles, une nervure rejoint la proue et la poupe. Il m'a fallu la réduire pour placer un pont de combat adapté. Pour cela, j'ai utilisé simplement une grosse lime à métaux, puis découpé un pont de combat dans du balsa de 1mm d'épaisseur. Ce pont, d'abord de 1cm sur 4cm, et ajusté à la lime dans l'épaisseur, je lui taille un trou dans la longueur au cutter, puis le colle sur la nervure rabotée. Ses extrémités sont ensuite soigneusement ajustées pour ne pas rompre l'allure générale du vaisseau :


Après cela, il faut rendre l'allure des compartiments des nageurs thranites telle qu'elle est sur le relief Lenormant. Pour cela, je bourre l'espace entre l'apostis et mon pont de combat tout neuf de green stuff, le lisse, puis marque une emprunte rectangulaire (bout d'une chute de balsa, simplement) à intervalles réguliers, sur toute la longeur du green stuff. J'obtiens un nombre régulier de compartiments des deux côtés, qui, à mon avis, auront un chouette aspect une fois peints. Au passage, l'avant a été travaillé (réduction de la hauteur), et l'étambot est un peu redécoupé.


Reste à bien coller les rames, puis à peindre cette trière...

(1) J. Taillardat, "La Trière athénienne et la guerre sur mer aux Vè et IVè siècles", in Problèmes de la guerre en Grèce ancienne, sous la direction de Jean-Pierre Vernant.

 2ème partie : la peinture !


Voila le résultat du premier travail de peinture effectué sur ma trière athénienne après l'assemblage. Pour les couleurs, je me suis largement inspiré du livre de Peter Connolly The Greek Armies (un très bon livre pour débuter dans l'histoire militaire grecque du moment que l'on lit l'Anglais, avec de très estimables illustrations). Ainsi l'on trouve sur ma trière trois niveaux de couleur bois (médiant chaud, plus clair et plus froid, proche de l'ocre), du rouge sur l'avant, évidemment du bronze pour le nez servant à éperonner les navires ennemis...

Les épibates, au nombre de cinq (en réalité environ dix, mais la réduction d'échelle entraîne une diminution du nombre de rameurs, de rames, et sans vergogne au passage du nombre d'épibates), se dirigent vers l'avant du bâteau, dans une dynamique d'assaut. Ils sont très simplement (deux couches après la sous-couche) peints, dans la même dominante de couleurs que le reste des hoplites athéniens.

Collée sur son socle de 8cm sur 4cm, conformément à la règle DBM, la trière a ensuite été enduite sur le pourtour de sa jonction avec le socle de colle à bois, comblant les vides et décalages (la miniature n'est pas ajustée au millimètre) en séchant. Il est important de préciser qu'il est bon, juste avant d'enduire le socle de colle à bois, d'ajuster l'aimant sous le carton. En effet, la colle à bois a beau être vendue comme ne se rétractant pas au séchage, elle se rétracte bel et bien. Le meilleur moyen pour que notre socle découpé avec amour ne se transforme pas en vague déferlante autour de la trière est qu'il soit fermement maintenu par son aimant à une surface métallique bien plane. Ainsi la colle séchera avec harmonie, et notre morceau de carton gardera sa planitude tant appréciée.


La prochaine étape consistera maintenant à rendre l'effet de l'eau autour du vaisseau. Une première pour moi, et j'espère, une future réussite !





3ème partie : l'eau sur le socle.




Voilà ! Mon premier socle figurant de l'eau est bien avancé !
Il s'agit de l'eau dans laquelle navigue ma trière athénienne assemblée avec amour. Doucement, car c'est la première fois que je faisais ça, voila la façon dont je m'y suis pris pour décorer le carton que vous pouvez voir en photo :

  1. Un badigeonnage à la colle à bois autour du bateau suivi, une fois sèche, d'une première couche de peinture acrylique (la peinture utilisée pour ce socle est de l'acrylique pour beaux-arts), relativement plate. La suite m'a prouvé que cette première couche de peinture n'était peut-être pas fondamentale. Il s'agit d'un mélange de bleu de cobalt et d'ocre jaune, pour obtenir cette teinte vert-bleu qui me plait bien.
  2. Une application d'un mélange de peinture (même teinte que précédemment), de colle à bois et d'eau fait dans un fond de gobelet. Le mélange est épais mais coule quand même assez pour s'insinuer dans les petits espaces.
  3. Attente du séchage de ce mélange (je me suis un peu aidé d'un sèche-cheveux, impatient que je suis).
  4. Une fois un peu durcie (mais point trop, sinon c'est trop tard), cette pâte peut être travaillée : je me suis muni d'une pointe, et de divers instruments qui me passèrent alors sous la main (cure dent, cul de crayon,...), et ai modelé quelques bosses, quelques remous, pour simuler l'écume et le mouvement naturels de l'eau, mais aussi ceux produits dans le sillage.
  5. Cette opération est répétée autant de fois que nécessaire pour obtenir le modélage qui fonctionne visuellement (deux ou trois fois devraient aller, d'après cette première expérience).
  6. Quand tout cela est bien sec (le lendemain, pour être sûr !), on repasse une couche de la couleur de base, car le modelage esquinte la peinture, enlève même une partie de la première couche.
  7. Là on peut enrichir la couleur de base, en rajoutant des verts, des bleus. Mais surtout, on brosse du blanc pour mettre en valeur l'écume.
  8. Les zones trop blanchies sont enfin réassombries. 

Il faudra, après cela, penser à ajouter une ou quelques fines couches de vernis, afin de donner du brillant et de la profondeur à l'eau. Voici pour le moment quelques photos de l'état actuel de ma fière trière athénienne. Et bientôt, le vernissage !


4ème et dernière partie : le vernissage.

Sept ans après l'avoir promis, voici le vernissage de l'eau du socle de la trière athénienne, afin de lui donner du brillant. Mieux vaut tard que jamais !
J'ai utilisé les vernis brillant et mat de chez Prince August : brillant sur l'eau, mélange brillant et mat sur l'écume et les parties mouillées de la coque et des rames, séchage... Puis couche supplémentaire diluée à l'eau de vernis brillant.
Trêve de bavardages, voici le résultat final, en images.





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